Elle s’étalait, se promenait et prenait ses aises décrivant parfois de nombreux méandres. Un passage plus étroit, entre deux collines, l’oblige à resserrer son lit. C’est à cet endroit qu’ une petite communauté s’installe et crée les premiers fondements d’un lieu de vie qui s’appellera Latiniacum, bien avant de s’appeler Lagny.
De 1 900 à nos jours :
Cette rivière Marne, il faut la franchir. On suppose qu’un gué, sans doute plus tard un bac, permettait le passage d’une rive à l’autre, dans le sens Nord-Sud. La première mention d’un pont, très certainement en bois, date de 1257. La ville devenue fortifiée jouit alors du rayonnement des Foires de Champagne.
Du 14ème au 16ème siècle, bien davantage que les inondations ou les prises par la glace, la guerre de Cent Ans et les guerres de religion détruisent le pont. Inlassablement il sera reconstruit plus ou moins à l’identique. A partir du 17ème siècle, et jusqu’à une période récente, tel un phoenix, le pont renaît à chacune des destructions multiples qui lui sont infligées. Le dernier pont de bois est démoli en 1858. Un premier pont de fer le remplace un an plus tard.
En 1870, la guerre oppose la France à la Prusse.
Pour stopper l’avancée des troupes ennemies, les troupes françaises du Génie font sauter une partie du pont. Après deux séries de gros travaux, le pont qu’on voit sur les cartes postales anciennes date de l’année 1900. Si la grande inondation de 1910 ne l’affecte pas, c’est une fois de plus une guerre, celle de 1914-1918, qui le détruira sur l’ordre des anglais, alliés de la France.
De manière provisoire, une passerelle en bois pour piétons, doublée d’une autre en fer, permettra alors d’attendre la reconstruction inaugurée en 1924.
Il s’agira dorénavant d’un pont de trois arches en béton armé. Le nom du Maréchal Joseph Maunoury (1847-1923) lui sera donné quelques années plus tard.
C’était sans compter sur une nouvelle guerre. Face à l’ennemi, c’est à nouveau l’armée française qui fait sauter une bonne partie du pont le 14 Juin 1940. Après la Seconde Guerre Mondiale, un pont restauré et sensiblement modifié sera inauguré en 1948 et c’est sous cette apparence que nous le connaissons aujourd’hui. Espérons pour très longtemps… A chaque fois, des moulins ont profité du débit de la rivière pour s’accrocher sur ses deux rives, côté Lagny et côté Thorigny-Pomponne. A chaque fois, ils ont eu le sort heureux ou malheureux du pont. Mais en 1865, le barrage de Vaires remonte le niveau des eaux. Les moulins ne peuvent plus tourner, c’est la fin de leur activité.
Souvent endommagé, parfois gravement, le pont de bois devenu pont de fer puis Pont Maunoury n’en a pas moins vécu de nombreux jours heureux. Autour de ce pont jeté sur la Marne, peintres et photographes ont puisé et puisent encore une formidable inspiration. Pour le grand bonheur des amoureux de notre ville que nous sommes tous.